Story to Line, c’est d’abord Millie, la créatrice du label mais c’est aussi un collectif de jeunes designers belges plein de promesses qu’elle met avec passion en avant. Initiatrice de cette plateforme, elle a su s’entourer d’une belle équipe pour l’aider pendant tout le processus de création.
Plongée depuis le début de son parcours professionnel dans le monde de la mode et du luxe c’est sans surprise qu’elle se lance aujourd’hui à son compte dans le secteur.
« TOUT EST UNE HISTOIRE D’HISTOIRE »
QUI SE CACHE DERRIERE «STORY TO LINE»
Derrière Story to Line se cache un collectif de jeunes et talentueux designers belges. Je suis l’initiatrice du projet mais j’ai eu la chance d’avoir été entourée par une belle équipe pour m’aider dans tous les aspects de Story to Line. J’ai eu un parcours professionnel qui m’a tout de suite plongée dans le monde de la mode et du luxe. J’ai d’abord commencé chez Louis Vuitton Bruxelles en tant que vendeuse, puis responsable du développement client. Après 3 ans, j’ai rejoint l’équipe de DVF Belgium en tant qu’assistante country manager et fashion analyste. Et ce pendant 4 ans. Depuis 2 ans également, j’ai assisté MAD Brussels dans quelques-uns de leurs projets ponctuels comme un starter guide pour les jeunes designers désireux de se lancer dans l’aventure.
QU’EST CE QUI T’A POUSSE A CREER CETTE PLATE-FORME ?
J’ai eu la chance de rencontrer des jeunes créateurs ces dernières années et j’ai remarqué qu’il n’y avait pas encore de plate-forme commune qui les réunissait. J’ai donc décidé de créer STL afin que leurs voies s’unissent et portent plus une fois ensemble. Je pense qu’on est plus fort en collectif qu’en marchant solo.
De plus, je sens que le belge revendique de plus en plus ses qualités, son patrimoine, sa culture. La Belgique est connue et reconnue mondialement pour les talents mode qui en ressortent. Il y a un nationalisme très puissant qui s’accentue dans tous les secteurs. Le belge aime le belge, consommer belge, valoriser son économie locale. C’était le moment de leur apporter sur un plateau d’argent une belle sélection de ce qu’il se fait dans le milieu de la mode belge.
QUEL EST TON RAPPORT A LA MODE ?
L’histoire, le story telling. Tout est une histoire d’histoire. Je suis comme toutes les femmes, j’aime faire du shopping, m’apprêter, chîner,… j’achète aussi dans les enseignes de mass-market bien sûr… mais ces dernières n’ont jamais su me faire rêver. Cette sensation d’excitation à l’achat d’une belle pièce, de se sentir unique, exclusive ne m’est venue que lorsqu’on me racontait une belle histoire. C’est en rencontrant petit à petit des créateurs que j’ai été fascinée: ils me racontaient leurs inspirations, la manière dont ils ont sélectionné leurs tissus, leurs visions, les messages qu’ils veulent faire passer, la femme qu’ils me proposent d’être en revêtant leurs créations: une femme unique, exclusive, sans copie au coin de la rue. En portant des pièces de créateurs belges j’ai un tout autre rapport aux pièces: dans les enseignes du mass-market, j’achète de la matière; chez un créateur, j’y ajoute de l’âme et du sens. C’est ce que je souhaite partager sur STL : « From the story to the line », de l’histoire à la confection, Story to Line.
COMMENT CHOISIS TU LES CREATEURS QUE TU METS EN AVANT ?
D’abord le coup de coeur, mais j’observe également leur maturité dans la création et la qualité. Il est important qu’ils soient créatifs, qu’ils aient trouvé leur univers propre, leur identité, mais il ne faut pas oublier que ces pièces sont destinées à être vendues. Elles se doivent donc d’être commerciales.
En général, j’estime qu’il faut en moyenne 4 collections à un créateur pour avoir eu le temps d’assimiler les feedbacks de ce qu’il créé, et qu’il en rajuste le tir pour les collections suivantes.
QU’EST CE QUI TE MOTIVE ?
L’entrepreneuriat me motive, et le faire dans un secteur qui a du sens à mes yeux. J’aime me dire qu’il y a encore une petite pierre à apporter à l’édifice de la mode en Belgique.
POURQUOI LE MADE IN BELGIUM ?
Comme déjà dit précédemment, le MADE in Belgium ne concerne que le talent sur Story to Line. Ce sont des créateurs belges, donc « made in Belgium » 😉 Mais leurs productions ne sont pas toujours faites en Belgique. Pourquoi? car la Belgique n’est pas toujours la main d’oeuvre la plus qualifiée dans la confection. On accorde de l’importance au MADE IN BE car le label valorise une sorte d’éthique du travail, une production et une consommation responsable… Mais produire en Belgique pour offrir au client un article qui n’est pas de qualité, n’a pas de sens. Il faut pouvoir offrir un produit de luxe (et donc s’entourer des ateliers qui sont compétents pour certaines tâches) tout en produisant éthiquement. C’est pour cela que j’exige sur STL, que les productions soient réalisées au moins en Europe, dans des ateliers avec des conditions de travail éthiques. L’industrie de la mode est le 3ème secteur le plus polluant, il est donc plus que normal que STL et ses créateurs suivent la tendance de la production éco-responsable. L’avantage, c’est que les designers de STL font partie de cette nouvelle génération de designers. Tous ont été dès le départ sensibilités et formés aux problèmes écologiques et éthiques de l’industrie de la mode. Tous, à leur façon ont su créer et produire de façon éthique: Façon Jacmin, collection 100% denim propose un produit qui perdure dans l’air du temps, qui promeut le slow fashion. Akin to____ a basé toutes ses collections sur des pièces intemporelles et en a fait son slogan « Une garde-robe qui se construit au lieu de se consommer ». Nasoha, bijoux en pierres semi-précieuses, va au Brésil et au Cambodge pour chercher elle-même ses pierres dans les rivières et carrières locales, son slogan « conscious stones ». Doriane van Overeem a fait toute une campagne de sensibilisation à l’entretien des vêtements pour qu’il perdurent dans le temps. Sara Esther propose des bijoux hand-made, Ilke Cop produit en Belgique, tout comme Yarns, etc…
TON COUP DE COEUR ?
A ce stade ci de STL, j’ai l’honneur de rassembler déjà plus d’une vingtaine de créateurs pour la nouvelle collection. J’ai commencé par 11 en septembre et j’ai doublé le nombre de designers participants pour la collection qui arrive. Donc sur une vingtaine de créateurs, tous sont des coups coeur avec lesquels j’entretiens une belle relation de confiance et collaboration.
POURQUOI AVOIR CHOISIS LE FORMAT ESHOP ET LA CREATION DE TON SITE ?
Car l’eshop est en croissance en Belgique. La Belgique connait depuis 2015 la plus belle progression dans les achats en ligne en Europe. Je pense aussi que le magasin physique ne permet pas une visibilité nationale et internationale. J’aimerais qu’une cliente de Liège ou de Gand puisse découvrir la collection au même titre qu’une cliente de Bruxelles ou de Paris.
QUELLES SONT TES AMBITIONS DANS L’EVOLUTION DE « STORY TO LINE » ?
Le site est maintenant en ligne depuis 5 mois et les retombées sont tellement positives. Les ventes ont lieu en Belgique, mais aussi en France, au Canada et aux USA. Je sens également un bel engouement de la part de plus en plus de designers désireux de rejoindre ce label en devenir.
Je souhaite garder mes critères de sélection concernant les designers représentés:qualitative et de luxe. Il est donc fort probable que STL devienne dans les prochaines années une plateforme de jeunes créateurs élargis à l’Europe.
UNE ANECTODE A PARTAGER AVEC NOUS ?
Mon premier moment Mode! Celui qui m’a fait comprendre que la mode c’est savoir raconter une belle histoire et qui m’a donné l’envie de travailler dans ce secteur:
En sortant de mes études, je ne savais pas trop dans quel secteur m’orienter. A la mer, je suis rentrée dans la boutique Lancel car j’avais à l’époque un coup de coeur pour le sac BB. Une vendeuse s’approche de moi, alors que j’étais habillée en short et tong (je n’avais pas l’allure d’une cliente potentielle), elle enfile un gant blanc et commence à m’expliquer l’histoire de ce sac: de la hanse qui rappelle celle de la guitare de BB, à l’intérieur du sac qui révèle les endroits préférés et secrets de BB, j’ai été emmenée dans une fabuleuse histoire qui a donné de l’âme à de la matière. Ce sac n’était plus qu’un morceau de cuir, il a pris tout son sens. En plus de cela, cette dame m’a prouvé que la mode, et l’éducation aux belles matières n’est pas destinée qu’à une élite. J’ai rogné sur quelques séance de shopping, économisé un peu de sous lors des anniversaires et Noel et je me suis offert ce sac. J’ai été enchantée, émerveillée et le fait d’attendre pour l’acheter n’a fait qu’ajouter de la magie à l’excitation. Du coup, cette pièce, j’en prends le plus grand soin et représente pour moi le point de départ de tout ce que j’ai entrepris par la suite, à savoir: travailler dans un univers qui raconte une histoire, celui de la mode. Un signe du Karma, peut-être !
OU PEUT ON TE TROUVER ?
Sur mon site : www.storytoline.com .
& je me déplace aussi chez des clientes qui aimeraient essayer une large sélection de produit.
Pour organiser un rdv: info@storytoline.com
STORY TO LINE
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Interview via Sophie Carré.